L’ambassade du Mexique, située dans le 16e arrondissement de Paris, est dotée d’une remarquable chancellerie de style Art déco, demeurée intacte. La Cité de l’architecture et du patrimoine proposait exceptionnellement une visite de ce lieu fermé au public. Un avant-goût de l’exposition « Art déco. France-Amérique du Nord » qui sera présentée cet automne au palais de Chaillot.
En 1926, le gouvernement mexicain acquiert l’hôtel de la duchesse de Luynes et de Chevreuse, situé avenue du Président-Wilson (Paris 16e), afin d’y installer son ambassade.La propriété est composée d’un hôtel édifié vers 1882 et d’un terrain non bâti de 250 mètres carrés. L’ambassadeur de l’époque, Alberto J. Pani, séduit par le style architectural qu’il observe au Salon international des arts décoratifs et industriels modernes de 1925, confie à l’architecte français André Durand les travaux d’adaptation et d’agrandissement ainsi que les dessins de la plupart des meubles de l’hôtel.
L’ancien hôtel de Luynes devient la résidence de l’ambassadeur. Afin d’adapter l’édifice à ses nouvelles fonctions et de le transformer en un lieu de réception et de prestige, des travaux débutent en avril 1927 et s’achèvent en juillet de la même année. André Durand aménage salons, salle à manger et salle des fêtes et conçoit des meubles simples et fonctionnels pour ces pièces d’apparat.
La salle à manger, de style Art déco, est installée en bordure de la cour, dans une aile destinée à relier la résidence à la future chancellerie, qui abritera les fonctions administratives de l’ambassade. Intouchée, ou presque, la pièce a conservé son lustre Baccarat et des vitraux opaques blancs aux motifs végétaux stylisés, signés Baccarat également.
La salle à manger, de style Art déco, est installée en bordure de la cour, dans une aile reliant la résidence à la chancellerie. Intouchée, ou presque, la pièce a conservé son lustre Baccarat et des vitraux opaques blancs aux motifs végétaux stylisés, signés Baccarat également. Tableau représentant une mère mexicaine.
Pour décorer la nouvelle salle des fêtes, des toiles sont commandées à l’artiste mexicain Ángel Zárraga (1886-1946). Ce peintre s’installe en France en 1904, après avoir étudié les beaux-arts à l’académie de San Carlos de Mexico, et montre un vif intérêt pour le symbolisme, le cubisme et l’Art déco. Les larges panneaux peints à l’huile pour orner la salle des fêtes représentent de façon allégorique l’histoire du Mexique, son amitié pour la France, ses aspirations de progrès, de modernité et son rêve de fraternité universelle. Cette œuvre, réalisée entre 1926 et 1927, est l’une des réalisations les plus importantes d’Ángel Zárraga.
Les travaux de l’ancien hôtel de Luynes terminés, l’architecte s’attaque à la construction de la nouvelle chancellerie dès juillet 1927. Celle-ci sera achevée en janvier 1928. L’immeuble, édifié sur le jardin de l’hôtel, entre la façade arrière et la rue de Longchamp, doit accueillir les fonctions administratives de l’ambassade. Cette chancellerie est l’un des rares exemples de bâtiments diplomatiques conçus spécialement pour abriter de telles attributions.
Au rez-de-chaussée, un vestibule circulaire d’un blanc immaculé, carrelé de mosaïque, est surmonté d’un étage. Les bureaux diplomatiques et consulaires se déploient autour de deux vestibules superposés et indépendants. Le vestibule supérieur est séparé du premier par un sol percé de carreaux de verre afin de laisser passer la lumière dans la coupole.
Derrière une façade en brique décorée d’un aigle en pierres colorées, la chancellerie a conservé, presque intact, son décor de style Art déco. André Durand recourt aux meilleurs matériaux, aux procédés de construction les plus modernes et élabore un programme alliant organisation fonctionnelle et recherche d’esthétisme. Les bureaux diplomatiques et consulaires se déploient autour de deux vestibules superposés et indépendants tandis qu’un réseau d’escaliers et de couloirs dérobés, formant une véritable circulation secondaire, relie les bureaux entre eux. L’architecte va plus loin et établit un rapport étroit entre la distribution architectonique et le mobilier, conçu également par ses soins.
Au rez-de-chaussée, un vestibule circulaire d’un blanc immaculé, carrelé de mosaïque, est surmonté d’un étage. L’on retrouve sur la mosaïque, les rambardes et le fer forgé des deux grands lustres un motif d’enroulement inspiré des motifs décoratifs traditionnels mexicains. Le vestibule supérieur est séparé du premier par un sol percé de carreaux de verre afin de laisser passer la lumière dans la coupole. Ce deuxième vestibule est orné de grands tableaux peints en 1937 par l’artiste mexicain A. X. Peña. Créé pour le pavillon mexicain de l’Exposition internationale de Paris de 1937, cet ensemble de toiles illustre les thèmes de l’alphabétisation du peuple et de l’initiation à l’artisanat et aux arts. Dans les années 1930, la population mexicaine étant principalement rurale, les politiques publiques d’éducation étaient au centre des préoccupations.
Après l’exposition « 1925. Quand l’Art déco séduit le monde », présentée en 2013, la Cité de l’architecture et du patrimoine poursuit l’exploration de la période Art déco. La nouvelle exposition qui sera inaugurée à l’automne abordera le style d’une époque, aussi bien dans son architecture que dans l’ensemble des arts, et mettra en évidence les échanges intellectuels transatlantiques de la fin du XIXe siècle aux années 1930. Des échanges qu’illustre parfaitement l’exemple de la construction de la chancellerie de l’ambassade du Mexique à la fin des années 1920.
« Art déco. France-Amérique du Nord »
Du 21 octobre 2022 au 6 mars 2023
Cité de l’architecture et du patrimoine
Palais de Chaillot
1, place du Trocadéro, Paris 16e