Sur les hauteurs de la commune de Saint-Baslemont, en région Grand- Est, s’élève une ancienne forteresse médiévale bâtie entre le XIe et XIVe siècle, qui a connu de multiples transformations au fil des époques. Un vaste édifice qui fut fortement éprouvé par le temps et les vicissitudes des guerres.
Une histoire tourmentée
L’histoire du château de Saint-Baslemont remonte au XIe siècle. Au milieu de ce siècle, la terre et le château appartenaient aux seigneurs du même nom, vassaux des comtes de Bar et de Toul. Il faut attendre le XIIe siècle pour qu’un ermitage soit fondé sur le domaine éponyme. Les prémices de la fortification du château remonteraient à la fin du XIIIe siècle. Le XIVe siècle est celui qui va marquer la fin du lignage de la seigneurie de Saint-Baslemont.
Alors que la souveraineté des ducs de Lorraine s’affermit dans la région de Saint-Baslemont, l’édifice est repris par la famille de Graux, durant le XIVe siècle. Il passe ensuite de mains en mains, des sires de Montreux à la famille de Reinach. C’est sous l’égide de cette famille qu’est rénovée l’église de Saint-Baslemont, qui jouxte le château. Les seigneurs de l’époque font également construire deux chapelles de style gothique. Au XVIe siècle, les Reinach décident d’entreprendre d’importantes rénovations, afin de rendre le château féodal plus confortable.
Claude de Reinach hérite de Saint-Baslemont à la fin du XVIe siècle. Son petit-fils, Jean-Jacques de Haraucourt, va le diriger jusqu’en 1635, date à laquelle le château est assiégé par les Suédois. Ces derniers sont repoussés par Alberte-Barbe d’Ernécourt, l’épouse de Jean-Jacques de Haraucourt. Celle qu’on appelle aussi l’Amazone chrétienne est connue pour ces actes héroïques durant la guerre de Trente Ans. Après les traités de Westphalie qui mettent fin à cette guerre, les combats continuent en Lorraine. En 1676, le château de Saint-Baslemont fait donc office d’hébergement pour la cavalerie française. La même année, le château est dévasté par les flammes. L’incendie — accidentel — provoque l’embrasement des écuries ainsi que l’effondrement du château, qui est désormais la possession de la famille des Armoises. Il le sera jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Ceux-ci tenteront de restaurer et de préserver au maximum ce qu’il reste du château d’origine, mais celui-ci ne retrouvera jamais son aspect initial. Après 1768, les propriétaires ne cessent de se succéder.
Dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, le château est vendu à Antoine Julien, conseiller du roi Louis XVI. Sa fille héritera de Saint-Baslemont après l’exécution de son père pendant la Terreur. Cédé à de multiples propriétaires, le château devient la propriété d’Adolphe Amédée Louveau au début du XXe siècle. Sa fille Jeanne Louveau, aussi appelée Eve Lavalière (célèbre comédienne française), en hérite à sa mort, en 1914. Le château est vendu la même année à la famille Labourot, qui le transforme en hôtel en 1922. Le corps de logis principal ainsi que les tours nord et sud sont inscrits au titre des Monuments historiques en 1937, le reste de l’édifice, quant à lui, est laissé à l’abandon après la Seconde Guerre mondiale.
Au début des années 1970, la famille Labourot entreprend les premières restaurations des communs et y crée un restaurant réputé dans la région. Mais en 1975, alors que les travaux sont à peine achevés, ceux-ci sont entièrement dévastés par un incendie provoqué par la foudre. Cependant, le châtelain, déterminé, s’attaque à la restauration du corps de logis pour y rétablir son restaurant. Le projet n’a jamais abouti.
De 1987 à 2017, le château devient la propriété de Guy Riondé puis, en 2018, de Patrick Lagarde, l’actuel propriétaire. Celui-ci effectue des travaux de sécurisation et de rénovation et a pour projet de réhabiliter le corps de logis pour en faire une maison d’hôtes. Il souhaite faire de la seconde partie du bâti, où se situait la grange, une écurie pour accueillir les promeneurs et développer l’activité équestre dans la petite commune de Saint-Baslemont.
Un monument marqué par les siècles
Fortement remanié au cours des siècles, le château de Saint-Baslemont, presque entièrement construit en pierres calcaires, est aujourd’hui configuré en L. Les bâtiments, dont le corps de logis principal de plan rectangulaire, entouré de deux tours sur la façade arrière, s’organisent autour d’une cour fermée de forme trapézoïdale, d’une superficie de 1 392 m2.
De gauche à droite, le clocher de l’église, le logis principal côté cour d’honneur et, le grand corps de bâtiment des dépendances, actuellement sans toit. © Collection particulière Façade arrière du château, ouvrant sur le sud. À droite, on aperçoit le clocher de l’ancienne chapelle castrale, aujourd’hui église paroissiale du village. © Collection particulière Perspective des anciens jardins en terrasse s’étendant côté sud, à l’arrière du château. © Collection particulière
Remis au goût du jour entre la fin du XVIIe et le début XVIIIe siècle, le corps de logis principal du château féodal, jadis de style Renaissance, se compose, au sud, d’une haute façade qui surplombe deux terrasses jadis aménagées en jardins à la française. La façade nord, quant à elle, ouvre sur la cour d’honneur. À l’origine les fenêtres étaient munies de croisées. La toiture en croupe, couverte de tuiles en écaille, a entièrement été refaite après l’incendie de 1975. À l’intérieur, le château abrite des salles voutées, des silos et des oubliettes de l’époque médiévale. Un escalier d’apparat dessert le jardin.
Sur les quatre tours d’origine, seules deux sont encore debout. Vestiges du XIVe siècle, ces deux tours rondes d’inégale grosseur sont dotées de toits coniques couverts de bardeaux. Au sud-est, la plus petite tour de 13,40 mètres est percée de trois meurtrières à sa base. L’autre tour, la plus imposante, de 18,60 mètres, située au sud-ouest, est percée d’une meurtrière-canonnière à mi-hauteur et de plusieurs canonnières à redents disposées sous le toit. Côté nord, les anciennes canonnières donnant sur la cour d’honneur ont été bouchées.
Situées à l’ouest de la cour d’honneur, les dépendances datant de la Renaissance possèdent des ouvertures contemporaines et des croisées bouchées plus anciennes qui forment la deuxième partie du L.
La cour d’honneur est protégée par un haut mur d’enceinte. On y accède par un portail en demi-lune fermé par une grille en fer forgé que l’actuel propriétaire a fait refaire par des ferronniers ayant travaillé sur les grilles de la célèbre place Stanislas, à Nancy. Patrick Lagarde a également restauré le portail, avec ses pots à feu.
La chapelle castrale, jadis de style gothique, a été remaniée vers 1560 par la famille de Reinach. Située à l’extérieur de l’enceinte du château, elle est l’actuelle église paroissiale du village, entourée de son cimetière. Elle jouxte à l’est la cour du château, dont elle est séparée par le mur d’enceinte.
Les archives ayant pour la plupart été victimes des tragédies qu’a connu le château de Saint-Baslemont, l’étude de celui-ci ne peut qu’être fragmentaire.
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