Le 23 février dernier, Carnet d’Histoire avait rencontré Cédric Mignon, propriétaire du château de Meauce, dans la Nièvre. Ce mois-ci, c’est Édouard Guyot qui nous raconte comment il est devenu l’un des plus jeunes repreneurs de monuments historiques français en rachetant le château de Vaux, dans l’Aube. Découvrons sa fabuleuse aventure en tant que propriétaire d’un monument historique.`
C’est à 21 ans qu’Édouard Guyot découvre le château de Vaux pour la première fois, sur les conseils d’un ami. Il est à l’époque à la tête d’une société de vente d’objets de décoration pour le cinéma et pour les Monuments historiques. Son attrait pour le patrimoine n’est pas récent : ses parents l’ont initié très tôt à la reprise et à la restauration de châteaux, s’étant eux-mêmes lancés dans cette aventure à plusieurs reprises. Il ne connaît ni la région, ni l’endroit mais qu’à cela ne tienne : il en tombe amoureux et décide de se lancer dans l’aventure, à 22 ans seulement. Il revend sa société et démarre un projet qui en effraierait plus d’un : redonner vie au château de Vaux.
Un château mal-aimé
Le château est édifié au XVIIIe siècle sur demande de Jacques d’Aubeterre, comte de Jully. Il confie sa construction à Germain Boffrand, architecte également à l’origine du château de Lunéville, en Meurthe-et-Moselle, qui ne sera jamais terminé, faute de moyens. C’est sous Louis XVI que la construction du château de Vaux se termine. Les familles de propriétaires se succèdent alors jusqu’au Second Empire. En 1854 le château connaît son heure de gloire, grâce à son nouveau propriétaire, Charlemagne-Émile de Maupas, ministre et ami de Napoléon III.
Abandonné avant la Seconde Guerre mondiale, le château entame une longue traversée du désert. Ce n’est qu’en 1970 que Vaux reprend vie. Le domaine est alors vendu à Philippe Vallery-Radot, qui installe dans les communs un centre pour jeunes filles handicapées. Grâce à lui, la ferme est entièrement restaurée, le domaine reprend vie et le château est classé au titre des Monuments historiques en 1980.
des travaux titanesques à envisager
Lorsqu’Édouard en devient propriétaire en 2015, il y a beaucoup de travaux à envisager. La première priorité est de restaurer les communs, pour y aménager des gîtes. L’objectif : rembourser l’emprunt contracté pour l’acquisition du château. Mission accomplie ! Le lieu compte aujourd’hui 40 chambres et une centaine de couchages. La seconde priorité est de faire connaître l’endroit aux habitants de la région, car le château n’a jamais été ouvert à la visite. Chaque centime dégagé par ces activités est alors réinvesti dans les travaux.
Vue aérienne du château et de sa cour d’honneur, bordée par deux de ses corps de communs. La photograhie a été prise lors de la campagne de restauration de la partie droite du corps de logis, qui s’est déroulée de janvier à octobre 2022. Actuellement les travaux sont en cours sur la partie gauche du château. © Château de Vaux
En 2019, 4 ans après le rachat, démarre le gros chantier. Les travaux sont divisés en 3 tranches d’un million d’euros qui commencent par la réfection du pavillon central du château. C’est là qu’Édouard Guyot fait une belle découverte : l’existence de statues cachées, qui dormaient sous la tôle depuis 1995. Il faut également refaire tous les intérieurs, les façades, greffer la charpente, recréer une couverture… La fin de ces trois tranches est envisagée pour décembre 2023.
Édouard Guyot tient à souligner l’aide de la Drac et de la région Grand-Est dans cette entreprise : « Sans eux, on aurait rien fait ». Le reste des travaux est financé à charge, grâce aux 40 mariages et 30 000 visiteurs par an.
La passion, moteur du propriétaire
Aujourd’hui aidé par un groupe d’une trentaine de bénévoles et deux salariés permanents, Édouard souligne un point capital : si l’on veut devenir propriétaire d’un monument historique, il faut « agir au coup de cœur, sans réfléchir : il faut croire en ce que l’on fait, en faire un projet de vie et ne pas calculer les charges de manière trop avancée, car on est condamné dès que l’on gagne un euro à le réinjecter dans le château ».
Un seul mot d’ordre, la passion : « le coup de cœur d’abord et après ça doit marcher, en ayant la notion des choses mais en gardant une part d’envie romanesque ».
Ramener la vie à Vaux
L’objectif du propriétaire est clair : ramener la vie dans chaque pièce du château. Vous pourrez ainsi visiter certaines pièces aménagées, participer en juillet, août et à la Toussaint 2023, aux Nuits de Vidocq, des « murder parties » inspirées du fameux espion de Maupas, et si le cœur vous en dit, vous pourrez aussi séjourner au château en profitant du bistrot et des « soirées guinguette », de juin à septembre.
Plus d’informations sur le château de Vaux : www.chateau-vaux.com
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Centre-Val de Loire